mercredi 28 août 2013

Mathisse


Henri Matisse, 1869 - 1954


Pour Henri Matisse, peindre, c'est comme résoudre une équation en trouvant la solution la plus juste et la plus élégante.

En 1952, Matisse peint La Tristesse du roi. Une belle équation résolue...





La Tristesse du roi, 1952




Avec ses précédents travaux, Matisse a découvert la richesse et la liberté de création qu'offrent ces morceaux de papiers recouverts d'une couleur unique, gouache mate faite de pigments, de chaux et de gomme arabique, et dans lesquels il découpe à vif.
C'est avec cette technique que, durant les toutes dernières années de sa vie, il va produire quelques tableaux monumentaux, oeuvres dignes des plus grandes compositions classiques.

A cet égard, La Tristesse du roi se réfère à une toile de Rembrandt, David jouant de la harpe devant Saül, où le jeune héros biblique joue pour distraire le roi de sa mélancolie, mais aussi aux autoportraits tardifs du vieux maître hollandais. Dans cette oeuvre, Matisse superpose les thèmes de la vieillesse, du regard tourné vers la vie antérieure (titre d'un poème de Baudelaire déjà illustré par l'artiste), de la musique qui apaise tous les maux.

Dans cet ultime autoportrait, le peintre se représente par cette forme noire, semblable à sa silhouette assise dans son fauteuil, entouré des plaisirs qui ont enrichi sa vie : les pétales jaunes qui s'envolent ont la gaité des notes de musique, l'odalisque verte symbolise l'Orient, tandis qu'une danseuse rend hommage au corps de la femme. Tous les thèmes matissiens sont réunis dans cette peinture magistrale.

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Rembrandt, David jouant de la harpe devant Saül
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  La vie antérieure

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes, 
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs, 
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Charles Baudelaire




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